Cercles conteurs
Explications
C’est Suzy Platiel, ethnolinguistique du CNRS, qui a développé le concept de cercles conteurs. En effet, dans les années 1960, elle part au Burkina Faso pour rencontrer la population Mandé dont la langue est exclusivement orale. La chercheuse a observé que l’enfant peut tenter à plusieurs reprises d’amener le conte à son terme mais échouera plusieurs fois également : c’est à ce moment-là qu’il comprend la notion de cause/conséquence et que le conte a une fin. Ces instants dits “d’échec” n’en sont pas puisqu’ainsi, il appréhende les rouages qui lui serviront plus tard : que toutes ses actions ou ses dires ont une importance et jouent sur l’avenir.
Aussi, Suzy Platiel précise qu’un conte n’appartient à personne et que chacun – l’enfant comme l’adulte – est libre de se l’approprier : le conte dit “à l’os” (ou la trame) ne changera pas mais les émotions et l’expression des sens seront différentes. Alors, l’enfant va se décentrer, favoriser sa tolérance aux autres et tenter de se mettre à la place d’autrui : il construit, là encore, des bases solides pour devenir un adulte à part entière qui pourra faire preuve d’empathie et de recul.
Bien sûr, en parallèle de ces deux bienfaits, un troisième s’ajoute et c’est sûrement le plus évident : la maîtrise de la parole. L’enfant qui a entendu depuis sa naissance des adultes et d’autres enfants conter, aura envie de le faire aussi. Lorsque l’on conte, on tente d’exprimer des émotions avec les mots et les intonations afin de captiver son auditoire et de lui faire naître des émotions également : c’est la rhétorique. L’écoute attentive et active va de paire puisque lorsque l’enfant ne conte pas, il écoute les autres.
La chercheuse ajoute un dernier intérêt à ces pratiques qui est le développement de l’imagination qui, on le sait, est très importante dans le développement de l’enfant et c’est elle aussi qui donnera aux enfants l’envie de lire ensuite. Ainsi, elle observe une nette progression dans différentes matières scolaires et considère cette pratique comme “un outil fondamental d’éducation”.